lundi 11 août 2014

Going Nowhere

Parfois, je marche au hasard, je déambule dans des rues que je ne connais que trop bien, que j'ai arpenté des centaines de fois, que j'ai parcouru dans les deux sens. Ces rues qui, malgré tout, ont encore des secrets pour moi, qui seront toujours, paradoxalement, des inconnues. Comme ces gens que l'on croise trois ou quatre fois dans sa vie; de ces gens qu'on apprécie la compagnie mais que l'on serait incapable de décrire à quelqu'un tellement on les connait peu. En dehors de quelques traits physiques, on ne peut pas aller plus loin.

Cette ville, c'est la mienne. J'y suis né, j'y ai vécu, pas longtemps, j'ai quelques souvenirs (qui n'en sont certainement pas, d'ailleurs) de cet appartement rue du Général Leclerc, mais rien de plus de cette période. Ensuite, je me suis éloigné. Pour revenir, régulièrement, dans le centre-ville. Toujours le centre-ville. Immuable. Jusqu'alors, je pensais qu'il l'était. Et non, je me suis rendu compte que, tout comme moi, ce centre-ville qui m'était si cher allait évoluer et que, quand j'allais partir, il allait continuer à changer sans moi, et moi sans lui.

C'est presque une relation amour-haine que j'ai avec cette ville. Je l'aime parce que c'est ma ville. Celle où j'ai vécu des paquet de trucs, de mon premier concert à mon premier verre avec les potes (pas le même soir). De cette fête d'Halloween particulièrement géniale, de ce nouvel an qui l'était autant. Des gens que j'ai rencontré là-bas et que je n'aurais pas rencontré ailleurs. De ces gens que je n'ai pas rencontré et qui sont probablement géniaux. Je déteste cette ville parce qu'elle ne m'a jamais donné assez, elle ne m'a jamais permis d'accomplir tout ce que je voulais accomplir. Elle a réussi à me frustrer là où j'aurais dû réussir, là où j'aurais aimé réussir, pour (me) prouver que je pouvais faire ce que je voulais, où je voulais et quand je voulais. Je déteste cette ville pour ses concerts trop peu nombreux et souvent trop chers ou mal bookés (ouais, un mardi soir à 22h quand j'ai cours le lendemain à 8h, merci !). Mais bon, on s'y accoutume. Et c'est là qu'est la richesse de cette relation.

J'aime cette ville. Vraiment. Mais je tourne en rond dans cet endroit exigu. Alors parfois, je rêve. Je rêve de loin et de destinations exotiques. Pas des palmiers et des plages, ça me gave. Mais des paysages rocheux, au bord d'une mer froide et agitée. Celle où l'on ne peut pas se baigner. Parce que j'aime pas les gens qui se baignent. Toujours à te chercher des noises parce que tu vas pas dans l'eau. Mais bref.

J'aime ma ville. Pour rien au monde, je n'envisagerais d'y voir autre chose que la ville qui m'a vu grandir. Mais je veux voir d'autres paysages, pour qu'en revenant, je sache que je l'aimerai toujours.

lundi 4 août 2014

"I can't remember anything, can't tell if this is true or dream"

J'ai souvent l'impression d'être dans l'irréel. Je ne sais pas si tu connais cette sensation. Celle où tu espères très fort que la vie que tu mènes ne soit qu'un rêve et que, au moment où tu vas te réveiller, ta vie recommencera il y a une semaine, trois mois, cinq ans. 8h après que tu te sois endormi et que tu aies fait le rêve le plus réaliste qu'il t'ait été donné de faire. J'ai toujours souhaité connaître l'allégresse de ce genre de moments. De ceux où tu sais ce qu'il va se passer et que tu pourras tout contrôler, peu importe ce qu'il se passe. Mais je ne connaîtrai jamais ce sentiment. Et ça, ça me rend triste. Parce que tout ce que j'ai vécu, je ne le revivrai pas. Les rencontres que j'ai manquées le resteront. Les amitiés détruites le seront pour toujours, et seront, à jamais, des plaies ouvertes, peu importe à quel point je recherche le salut et le pardon.

J'aurais aimé avoir quinze ans pour toujours. Même si ça a été la plus triste sur le plan sentimental, c'est celle qui m'a le plus appris, tant sur moi que sur les autres. Sur la nature humaine en général, pour simplifier. Je pourrai pousser jusqu'à mes seize ans, mais pas plus loin. Ça risquerait de devenir fade, après, alors bon... Parmi tous les motifs que j'ai énoncés, celui qui reste suspendu devant mes yeux, ce sont ces rencontres gâchées, ces personnes que j'ai pu faire souffrir, d'une manière indirecte ou non, parce que je souffrais de leur absence. Ou de leur présence. Il n'y a rien de plus triste que de voir à quelle vitesse on oublie.

"De jour en jour, on oublie. On oublie tout. On oublie les voix des personnes, on finit par oublier le pire. Le meilleur reste, flotte encore un instant mais finit par sombrer. Comme tout le reste. Ce qu'on a pu en retenir, les moralités, cela finit par se brouiller, comme la surfacer de l'eau sur laquelle on jette ce caillou qui fait des petites vagues... On ressent quelque chose, un infime instant, quand tout se trouble que l'on voit son reflet changé par d'infimes vaguelettes. Et cela finit. Tout repart à zéro, comme si l'eau n'avait jamais été troublée".

J'ai écrit ça quand j'avais quinze ans. Je trouve que ces mots ont toujours une certaine force, quelque chose qui les fixe dans le temps. Je sais pas si ça doit me rendre heureux ou pas. D'un côté, je me sens un peu comme un écrivain qui fait une bonne citation et qui la relit dix ou quinze ans plus tard dans d'autres livres. De l'autre, ça me rappelle que je suis toujours, en partie, un ado de quinze ans qui refuse de grandir. Et ça, c'est bizarre. Qui aurait envie d'avoir quinze ans pour toujours ? Qui ?

Et, alors que tu lis ces mots qui te parlent de mon état actuel, je te prie de bouffer la vie à pleine dents comme j'aurais souhaité le faire. Mais maintenant c'est trop tard.