mercredi 17 décembre 2014

The Eternal Hunter, Parisian Walls

Chop your head during this tour.


Il existe un moment, dans la vie de chaque metalleux (et même de chaque personne aimant la musique), où voir l'un de ses groupes préférés disparaître de la circulation peut apparaître comme une putain d'épreuve. J'ai vécu le split d'EDC, non pas comme une épreuve, ça serait donner un côté religieux à une chose qui cherche à s'en éloigner, mais plutôt comme un gros coup de masse : au moment où je commence à comprendre le groupe, pouf!, plus rien. Nada. Parce qu'il faut comprendre le groupe pour comprendre sa musique (captain obvious spotted) : une démarche humaniste dans un écrin de violence brute et sans fioritures.

C'est cela, très précisément, que l'on retrouve sur ce side-project (qui serait plus un projet tout court, du coup) d'Arsène. Dans EDC, c'était frapper pour questionner, frapper pour faire douter (J'Ai pas les Mots, L'Avenir Sera, Le Jour des Saigneurs). Ici, on met la raison à genoux : la déferlante de violence ressemble à une grosse catharsis, une question qui trouve enfin une réponse après des années de doutes. J'ai discuté avec pas mal de personnes qui refusaient de voir un côté politique militant dans les paroles de L'Esprit du Clan, qu'elles considéraient comme un simple élément marketing comme d'autres utilisent les contes pour créer leur musique. Sous-entendu que le côté politique serait un artefact scénique utilisé pour ratisser large. Cet album, bien qu'étant profondément différent d'un album d'EDC, s'en rapproche par une violence dirigée vers les institutions (comme c'était déjà le cas dans Circus Frénésie, Le Jour des Saigneurs ou encore Impérialisme) et surtout la religion (Atheist Metal -qui veut plus évident ?).

Parisian Walls taille dans le gras et ne laisse personne indemne. Le tapping de Hunting Season nous rappelle, inévitablement, celui de The Gift of Guilt, de Gojira. Une intro coup de poing qui frappe là où ça fait mal : la vie est une guerre contre le genre humain. Lutter contre sa condition primaire devrait alors faire partie des devoirs du citoyen. C'est cela qui ressort aussi dans You are the Enemy : l'Homme, en tant qu'être singulier, est son seul et propre ennemi. Il doit faire face à lui-même. "Personne n'est parfait mais si tu te bats, on te respectera" : se battre, c'est, après l'écoute de cet album, se sortir perpétuellement des systèmes tous faits dans lesquels les différents pouvoir tentent de nous faire entrer. Il est nécessaire de faire autre chose que de reproduire les mêmes schémas ancestraux. La religion est alors elle-même considéré comme un schéma ancestral, jamais remis en question, toujours suivi. La parole d'un homme devient parole d'Évangile (du coup), et Pushover démonte cette morale à coups de cric. " 'Cause you're scared / You accept all submissions" : la religion ne permet qu'une seule liberté : la liberté de craindre. Comment dominer une foule si celle-ci n'a peur de rien ?

The Eternal Hunter, c'est aussi une chasse au bonheur personnel éternelle. Se tenir debout et ne jamais lâcher prise, se battre, malgré tout, un couteau entre les dents, une histoire de Determination. Si "certains aiment leur vie, d'autres en souffrent. Dans leur cas ils se battent" (en anglais dans le texte). Ils se battent contre la vie. Remettre l'Homme à sa place, toujours. En cela Parisian Walls relève de l'Esprit du Clan. Tout n'est qu'une histoire personnelle, "Don't talk to me about your filths / Your sins and your faults". Chacun ses fautes, chacun ses erreurs. Chacun sa vision du Bien et du Mal, et on se retrouve à lire ls paroles de Pushover, encore une fois, pour se rendre compte que "you share waht you believe, not what you got".

La politique en prend aussi une dans sa face, notamment avec Europe is a Museum. Sorti en single, ce morceau nous démontre l'idée d'une Europe comme on la conçoit aujourd'hui n'est ni plus ni moins qu'un être conservé dans du formol qu'on essaie de réanimer après des décennies de mort clinique. L'Europe, c'est bien. En théorie. En vrai, le groupe démonte les idées reçues, met le feu aux préjugés.

En fait, je me rends compte que cet album peut être résumé avec la dernière phrase de From City of Light : "Do you feel this art of violence ?". Ici, oui, la violence se transforme en art. Un art au service de l'Humain plutôt qu'au service de son divertissement. Sur certains morceaux, on ne peut qu'headbanger en rythme, tellement les breaks sont puissants. L'album finit sur une conclusion tellement naturelle qu'on est surpris de la trouver là (généralement, les groupes tentent de noyer les morceaux plus calmes dans la masse) : Sons of Dionysus est calme, il commence en chant clair. Même le growl n'est pas un growl d'énervé comme il l'est dans le reste de l'album. Il se marie parfaitement au chant calme et tempéré. Cet album est donc très bon. La tournée s'annonce énorme. Les cervicales vont grincer et les genoux vont prendre cher, autant que vos tympans pas préparés. Une bien belle surprise pour ces fêtes de fin d'année.

samedi 22 novembre 2014

The memory remains

Toujours à rechercher le répit. Toujours à attendre que ça passe. Chaque personne qui sort de mon champ de vision devient un putain de fantôme. Chaque personne qui sort de mon champ de vision emporte un morceau de mon âme avec elle. Chaque personne prend un morceau plus gros que la précédente. Ça me fait penser à ces panneaux qui disent "Laissez l'endroit dans l'état où vous l'avez trouvé en entrant". Comment tu peux lutter contre les dégradations avec des panneaux de ce genre ? C'est de la connerie. C'est comme mettre des panneaux "pelouse interdite". Le seul truc qui va arriver c'est que tous les gens vont marcher, s'asseoir sur cette putain de pelouse. Alors que ça leur serait pas venu à l'idée. Les bancs c'est tellement plus confortable.

Bref, chaque personne repart, à chaque fois, avec un morceau de mon âme. Chacune a sa façon de prendre un morceau. Certaines le coupent proprement, avec une paire de ciseaux. Parfois, elles font même un ourlet, pour pas que ça soit trop flagrant. D'autres sont moins consciencieuses et oublient l'ourlet, quand elles ne déchirent pas carrément un morceau pour en faire un torchon.

D'un côté, ça me gêne pas que les gens m'embarquent des morceaux d'âme, tant qu'il m'en reste assez. Si ça leur fait un souvenir, tant mieux. Vraiment, hein. Si ça peut les réchauffer, le soir, quand ça caille trop, ça me pose aucun problème, je suis même content que ça serve.

Cependant, des fois, je me laisse emporter, et je tranche au cutter dans cette toile. Pour en filer des morceaux à droite à gauche. A des gens que j'ai vu trois fois. A des gens que j'ai jamais vu, même. C'est comme si, en leur donnant des grands morceaux, ils étaient obligés de les mettre en évidence dans une grande pièce, parce que "putain comment tu veux ranger ça quelque part, t'as vu la taille du bordel ?". Finalement, le morceau ne reste que quelque temps dans la pièce. Au bout d'un moment, il finit dans le grenier, au fond d'une caisse, souvent jeté négligemment pour couvrir le bordel ambiant. Des fois, on le retrouve, plusieurs années après. Ils en font un feu, parce que ça prend ça de la place, la poussière, que ça sert à rien et qu'on sait plus d'où ça vient. Et on peut entendre les souvenirs, gravés dans l'âme, hurler. De douleur, certes. Mais de tristesse aussi. Tristesse de finir leur misérable existence au fond d'un barbecue ou sur un tas de branches mortes. Tristesse de ne pas avoir pu, une dernière fois, s'ancrer dans un autre morceau d'âme.

Des cendres à peine froides jaillissent des fantômes de souvenirs. Des bribes, des sursauts, des hoquets de réminiscences, qui se laisseront porter par le vent, jusqu'à tomber dans la mer d'Irlande et s'y noyer pour de bon, sans plus de remous. Parfois, si une petite fille ou un petit garçon se trouve à proximité, ils peuvent, si le coeur leur en dit, sauter et saisir un souvenir. Il n'aura pas de signification précise, mais il sera là, comme une présence, comme un ami qui veille sur eux, peu importe ce qu'il se passe. Ce morceau finira par s'ancrer dans leur âme, dans leurs souvenirs. En en devenant part entière, ce souvenir, même s'il a changé de signification, continuera toujours à survivre, bien longtemps après sa mort physique.

De tout cela, je ne sais quoi penser. Que se passera-t-il quand j'aurais déroulé entièrement la toile de mon âme ? Que se passera-t-il lorsqu'elle aura été tranchée en d'innombrables morceaux et répandue aux quatre coins du monde ? Que restera-t-il du Moi que j'ai été ? Chaque morceau d'âme, je l'ai donné pour qu'on sache que je suis là, un peu. Chaque morceau d'âme donné, c'est un peu comme aller à un prêteur sur gages quand on n'a plus un rond. On finit par solder les morceaux les plus précieux, ceux que tu gardais quand toi, t'avais vraiment froid et que tu ne pouvais pas te résoudre à les refourguer. Chaque souvenir est réparti sur plusieurs morceaux d'âme, si bien qu'il faut retrouver plusieurs morceaux d'âme pour en reconstituer un seul en entier. Il serait vraiment urgent que j'arrête de donner des morceaux d'âme et de souvenirs. Parce que ça finit par me manquer et les gens n'en font rien. Un beau gâchis.

samedi 25 octobre 2014

The Gray Chapter, Slipknot

L'hommage à Paul ne pouvait pas être plus clair



S'il y a bien un album que nous n'attendions plus, metalleux de tous bords qui n'osons l'avouer, c'est bien ce dernier Slipknot. Parce qu'on a beau avoir plus de 15 piges maintenant, un shot de Slipknot fait toujours cet effet revigorant, presque une catharsis de nos années noires. Mais ça, personne n'osera l'avouer. Parce que Slipknot, c'est pour les ados et qu'on bosse dans le service public maintenant, alors les cheveux longs et les baggys troués, c'est mort, tu vois. Et bon, faut dire ce qui est, l'avenir du Knot était grandement compromise depuis que Paul Gray s'est fait la belle et que Jordison se soit fait virer du groupe. Une couche s'est encore ajoutée quand Jim Root s'est barré de Stone Sour. Bref, tout ce tapage autour du groupe n'augurait rien du tout de bon et laissait présager un retour plus que mitigé, voire même bâclé, des Neuf Masqués.

Autant dire que je m'étais un peu trompé sur cet album. Les deux singles sortis soufflaient le chaud et le froid. The Devil in I promettait un Slipknot plus sur la piste de Stone Sour, plus mélodique et plus linéaire, alors que The Negative One promettait un Slipknot pure race. En mon for intérieur, j'avais cette pensée qui me soufflait que ça serait vraiment bien que ça ressemble à un Slipknot mâtiné de Stone Sour, un truc hybride détonnant et étonnant. Autant dire que j'ai été un peu déçu quand The Negative One, premier single est sorti. Trop bourrin, trop Slipknot post 1999. Alors, quand The Devil in I est sorti, je me suis dit que le mélange des deux genres pourrait donner un truc vraiment bien et vraiment original. Peu de morceaux lugubres, voire glauque, pour asseoir un peu plus l'ambiance qui émergeait des trailers que le groupe avait utilisé pour sa communication. On en retrouve un peu dans Be Prepared for Hell (que j'aurais bien vu en introduction à la place de XIX, du coup)

Et ça a été le cas. Très clairement, cet album repose sur l'ambivalence de chaque période. Les morceaux durs, avec un Sid Wilson en exergue, comme sur Custer ou Nomadic. Dur, froid, distant. Depuis que j'ai découvert Slipknot, en 2009, ma préférence va vers des morceaux plutôt longs, plutôt malsains, comme Gehenna, comme ici avec le morceau qui clôture ce Chapter V, If Rain is Whar You Want, avec une intro en arpèges et en percussion, qui fait clairement monter la pression. D'autres morceaux sont plus dans la veine d'All Hope is Gone, plus mélodiques, moins bourrins, comme Killpop ou Goodbye. Ces morceaux s'inscrivent dans une partition d'époque à proprement parler. Un genre hybride entre Stone Sour et Slipknot, à la limite du StoneKnot (ou du SlipSour si vous voulez). C'est clairement ce qui ressort de cet album. Slipknot serait devenu une sorte de side-project, comme l'avait été Stone Sour par un temps. C'est pas gênant si la qualité prime sur la quantité, s'il n'y a pas de besoin de clamer au monde "Regardez, on est encore là tous les deux ans malgré tout". Si Slipknot continue à sortir ce genre d'album tous les 4 à 5 ans, y'a pas de problème !

Cet album marque aussi l'avènement de Corey Taylor comme l'un des chanteurs du metal les plus polyvalents et les plus puissants vocalement parlant. Même si cela était acté depuis pas mal de temps, on a l'impression qu'il a encore repoussé les limites de son talent. Même si les changements sont moins marqués que dans All Hope is Gone (et notamment Psychosocial, même si faire plus puissant et plus contrasté que ce morceau risque d'être terriblement compliqué). C'est un peu le cas dans AOV, avec des refrains en scream alors que les couplets sont en chant clair.

Les contrastes internes à l'album sont donc assez saisissants. Slipknot fait taire les rumeurs comme quoi il serait en perte de vitesse, voire même sévèrement amoché suite à la mort de Paul Gray et au départ de Jordison. Un tournant s'est clairement opéré, et même si c'est évident à dire, le groupe ne sera plus jamais dans les mêmes dispositions pour créer de la musique. La production de cet album est quasiment parfaite, et le duo basse-batterie assure à plein régime. Alors que c'était loin d'être évident.

dimanche 21 septembre 2014

And I'm fading... again.

J'avais fracassé mes poings sur la porte de ton appartement. J'avais tambouriné aux fenêtres comme un damné, comme un mort de faim, un type qui veut juste vivre. Tu étais là, assise en tailleur sur un coussin mauve, regardant la télé, cigarette à la main. Tu refusais de me pouvoir. Pouvais-tu au moins m'entendre ? J'en doute. Je doute, à vrai dire. Et tu sais pourquoi ? J'avais beau m'arracher les cordes vocales, exploser mes mains sur ta porte, sur tes murs, tes fenêtres, tu ne réagissais pas. Même pas un mouvement de tête, rien. Tu continuais à fixer la télé. Comme vide. Ou alors l'étais-je ? C'est sûrement ça. Je devais être la personne inconsistante dans l'histoire. Celle qui fait tout pour se faire remarquer mais que personne ne voit jamais. De celles qui gueulent leur souffrance au monde, mais qui ne sont entendues que par une poignée d'individus sur sept putain de milliards de personnes.

Plus j'attendais plus je te voyais t'éloigner, tant physiquement que psychiquement. Tu disparaissais. En fait, je ne pourrais trouver de mot assez représentatif en français. Si je devais utiliser un seul mot, ça sera fade. C'est celui qui me semble avoir le plus de sens, le plus de consistance, pour le coup. Inversement proportionnel à ma situation, on va dire. Ce qui me fait dire que c'était moi, l'inconsistant, le transparent dans l'histoire c'est que même les gens qui passaient dans la rue ne me voyaient pas. Ou alors faisaient-ils semblant, de crainte qu'un taré les agresse sauvagement à l'arme blanche ? Je n'en sais rien. J'en doute. Pas un seul n'aura tourné la tête ni même esquissé un regard dans ma direction.

Depuis longtemps, je me doutais. Depuis longtemps, je luttais contre l'inévitable. Celui où tout devait s'écrouler. S'entrechoquer avec une telle puissance que la poussière se serait retrouvée en suspension dans l'air pendant des années. Il aurait fallu compter les os, choisir les bons, les remettre en place. Un putain d'ossuaire, des catacombes à ciel ouvert, sur des milliers de kilomètres. Tout reconstruire, morceau par morceau. Prétendre qu'au final, c'était pas grand chose et qu'on a réussi. Oublier qu'on a galéré, qu'on a eu envie d'abandonner plus d'une fois et de se suspendre à une poutre avec ce qui nous passait sous la main. Oublier, aussi, les moments de tension, ceux qui donnent envie de frapper dans tout et n'importe quoi, du moment qu'on évacue la colère et l'énervement grandissant. Toute cette frustration emmagasinée. Compter les os pour se reconstruire et passer à autre chose. Changer de peau. Penser différemment. Think different, comme dirait l'autre. Et pour faire quoi ? Suivre la masse. Bien joué. Fouiller les décombres pour tenter de trouver quelque chose de viable, quelque chose qui tient encore la route malgré les dégâts. Tenter de reconstruire un semblant de vie. Comme la créature de Frankenstein. Quelque chose pas forcément esthétique mais qui tiens la route. Et qui vit. Du moins qui survit.

J'étais perdu dans les ténèbres. Au loin, une cloche résonnait. Comme Big Ben, en plus lourd, plus plaintif et plus long. Tout était désert, comme après l'apocalypse. Comme si toute la Terre se retrouvait figée dans un autre espace temps. Comme si le gel du mois de janvier montait au sommet de la Tour Eiffel. Comme si plus rien n'avait d'importance. J'étais debout, je commençais à geler au mois d'août. Dériver lentement, me laisser porter, ne plus rien sentir. Enfin sombrer. Enfin en finir. Il y avait quelque chose de rassurant. J'aurais aimé te dire, enfin une dernière fois, combien de fois c'est toi qui m'a donné la force de relever le front, de remonter du fond, qui m'a montré le ciel, quand il était bleu.

Juste une minute, juste une dernière chance avec toi. Je peux tout abandonner, tout, pour toi. Mais on ne peut pas remonter le temps, et je vois, à travers mes larmes, les lumières s'estomper, le jour s'en aller. Fuir, juste fuir, ne plus faire demi-tour. Ma grosse erreur ? Ne pas savoir ce que j'aimais, jusqu'à ce que ça se délite. Et il est trop tard. Maintenant il est trop tard, et je vois les ténèbres à travers les fissures de ton mur. Je les laisse alors s'échapper de la brèche et m'entourer. Nous ne faisons plus qu'un. Finalement, c'est confortable. And I've become comfortably numb. Je te vois te lever, venir à la fenêtre, avec cette tristesse dans ton regard, quelque chose d’indicible, avant que tu ne refermes les rideaux et que seules les ombres demeurent. Peu importe la place que tu décideras de prendre dans mon coeur, elle sera toujours à toi.

mardi 9 septembre 2014

Solstafir, Otta

Masterpiece of the Ages



Dans le petit monde fermé du metal, il y a des groupes qui brisent les frontières et se permettent une fantaisie qui, loin de leur jouer des tours, leur permet d'asseoir leur domination sur un monde, a priori, réfractaire aux innovations et qui n'aime que le bourrin (oui, je caricature, mais c'est le but, ne vous en faites pas). En effet, beaucoup de groupes se fracassent les dents quand ils essayent d'innover dans leur musique, je pense notamment à KoRn et son virage à 720° pris, en premier lieu avec Skrillex et qui s'est plus ou moins prolongé lors du dernier album, The Paradigm Shift. Beaucoup de groupes, aussi, son sous-considérés car pas assez représentatifs de la scène metal et "s'éloignant trop les principes de base" (mais quels sont les principes de base du metal, je vous le demande). Venons-en, si vous le voulez bien, au nerf de la guerre et au centre de cette chronique, un peu tardive, je vous l'accorde.

Solstafir est l'un de ces groupes que je rêve de voir en live. J'étais à deux doigts d'aller au Summer Breeze en 2013 (où ils étaient programmés), mais les plans ont foiré quelques jours avant. Je me suis rattrapé en regardant le live au Hellfest de cette année. Solstafir n'est pas, à proprement parler, un groupe de metal. Bien qu'ils aient fait du black (ils sont islandais, c'est la base, quoi), les quatre gaillards venus du pays du froid, des volcans et de l'Enfer (selon la mythologie grecque) se sont tournés, assez tardivement, vers un post-rock mi-planant mi-violent, comme si Mötörhead avait fait un enfant avec Mogwai (ouais, bon, un Gremlin, quoi). Ou alors comme si on se laissait plonger dans un volcan avant de ressortir au milieu d'un fjord gelé. Solstafir, c'est tout ça. C'est un ensemble, presque indescriptible.


Solstafir, c'est la musique des sentiments bruts, c'est la musique qui nous révèle à nous-mêmes si on accepte de se laisser porter par les quatre chevaliers de l'Apocalypse venus du froid. Il est très difficile de définir vraiment la musique du groupe, tant est si bien qu'on est presque tenté de ne pas le faire, et ce, pour une raison simple : expliquer Solstafir serait lui enlever sa magie, le petit truc en plus qui fait que ce groupe est incontournable. Qu'est-ce que ce petit truc ? Pour moi, c'est tout simplement le fait qu'ils utilisent beaucoup d'islandais dans leurs albums, surtout depuis Svartir Sandar. Köld avait ça de bien pensé : faire de ce CD de la renaissance (je le vois comme ça), un tremplin vers le monde. Et pour se faire, quoi de mieux que l'anglais, me direz-vous. Loin de décontenancer, les albums en islandais sont vrais, tant dans leur fond (qu'on ne comprend pas, ouais, je sais, mais ça se sent), que dans leur forme. C'est puissant et beau. C'est une claque faite de crème chantilly.

J'ai généralement envie de pousser le vice de la critique loin, tant à propos du fond qu'à propos de la forme, c'est valable pour à peu près tout, tant les films que les bouquins ou la musique. Ici, je ne peux tout simplement pas. Le fond est rendu incompréhensible par l'utilisation de l'islandais. Cela dit, c'est bien joué de leur part : on se concentre plus sur l'ambiance de chaque morceau que sur ce que ce moreau signifie. La forme est, quant à elle, ciselée, fine et précise, parfois massive, souvent aérienne, loin des standards de la musique et plus proche d'un rapport qui m'apparaît comme "l'art pour l'art" : ne pas faire quelque chose pour le vendre, mais le faire parce que ça apporte une nouvelle dimension à l'art. L'art pour l'art, c'est quelque chose que l'on fait d'abord pour soi, mais aussi, et finalement, pour les autres : il y a des sentiments, des émotions à partager qui ne sont pas descriptibles et qui pourraient souffrir de cette description. Solstafir évite de définir sa musique, évite de cadrer ses productions et leur durée. Ils ont aussi eu l'intelligence et le génie de faire émerger l'islandais dans un monde ou, si tu ne chantes pas en anglais, tu n'es écouté que dans ton pays natal.

Pour tout cela, messieurs, chapeau bas.

lundi 11 août 2014

Going Nowhere

Parfois, je marche au hasard, je déambule dans des rues que je ne connais que trop bien, que j'ai arpenté des centaines de fois, que j'ai parcouru dans les deux sens. Ces rues qui, malgré tout, ont encore des secrets pour moi, qui seront toujours, paradoxalement, des inconnues. Comme ces gens que l'on croise trois ou quatre fois dans sa vie; de ces gens qu'on apprécie la compagnie mais que l'on serait incapable de décrire à quelqu'un tellement on les connait peu. En dehors de quelques traits physiques, on ne peut pas aller plus loin.

Cette ville, c'est la mienne. J'y suis né, j'y ai vécu, pas longtemps, j'ai quelques souvenirs (qui n'en sont certainement pas, d'ailleurs) de cet appartement rue du Général Leclerc, mais rien de plus de cette période. Ensuite, je me suis éloigné. Pour revenir, régulièrement, dans le centre-ville. Toujours le centre-ville. Immuable. Jusqu'alors, je pensais qu'il l'était. Et non, je me suis rendu compte que, tout comme moi, ce centre-ville qui m'était si cher allait évoluer et que, quand j'allais partir, il allait continuer à changer sans moi, et moi sans lui.

C'est presque une relation amour-haine que j'ai avec cette ville. Je l'aime parce que c'est ma ville. Celle où j'ai vécu des paquet de trucs, de mon premier concert à mon premier verre avec les potes (pas le même soir). De cette fête d'Halloween particulièrement géniale, de ce nouvel an qui l'était autant. Des gens que j'ai rencontré là-bas et que je n'aurais pas rencontré ailleurs. De ces gens que je n'ai pas rencontré et qui sont probablement géniaux. Je déteste cette ville parce qu'elle ne m'a jamais donné assez, elle ne m'a jamais permis d'accomplir tout ce que je voulais accomplir. Elle a réussi à me frustrer là où j'aurais dû réussir, là où j'aurais aimé réussir, pour (me) prouver que je pouvais faire ce que je voulais, où je voulais et quand je voulais. Je déteste cette ville pour ses concerts trop peu nombreux et souvent trop chers ou mal bookés (ouais, un mardi soir à 22h quand j'ai cours le lendemain à 8h, merci !). Mais bon, on s'y accoutume. Et c'est là qu'est la richesse de cette relation.

J'aime cette ville. Vraiment. Mais je tourne en rond dans cet endroit exigu. Alors parfois, je rêve. Je rêve de loin et de destinations exotiques. Pas des palmiers et des plages, ça me gave. Mais des paysages rocheux, au bord d'une mer froide et agitée. Celle où l'on ne peut pas se baigner. Parce que j'aime pas les gens qui se baignent. Toujours à te chercher des noises parce que tu vas pas dans l'eau. Mais bref.

J'aime ma ville. Pour rien au monde, je n'envisagerais d'y voir autre chose que la ville qui m'a vu grandir. Mais je veux voir d'autres paysages, pour qu'en revenant, je sache que je l'aimerai toujours.

lundi 4 août 2014

"I can't remember anything, can't tell if this is true or dream"

J'ai souvent l'impression d'être dans l'irréel. Je ne sais pas si tu connais cette sensation. Celle où tu espères très fort que la vie que tu mènes ne soit qu'un rêve et que, au moment où tu vas te réveiller, ta vie recommencera il y a une semaine, trois mois, cinq ans. 8h après que tu te sois endormi et que tu aies fait le rêve le plus réaliste qu'il t'ait été donné de faire. J'ai toujours souhaité connaître l'allégresse de ce genre de moments. De ceux où tu sais ce qu'il va se passer et que tu pourras tout contrôler, peu importe ce qu'il se passe. Mais je ne connaîtrai jamais ce sentiment. Et ça, ça me rend triste. Parce que tout ce que j'ai vécu, je ne le revivrai pas. Les rencontres que j'ai manquées le resteront. Les amitiés détruites le seront pour toujours, et seront, à jamais, des plaies ouvertes, peu importe à quel point je recherche le salut et le pardon.

J'aurais aimé avoir quinze ans pour toujours. Même si ça a été la plus triste sur le plan sentimental, c'est celle qui m'a le plus appris, tant sur moi que sur les autres. Sur la nature humaine en général, pour simplifier. Je pourrai pousser jusqu'à mes seize ans, mais pas plus loin. Ça risquerait de devenir fade, après, alors bon... Parmi tous les motifs que j'ai énoncés, celui qui reste suspendu devant mes yeux, ce sont ces rencontres gâchées, ces personnes que j'ai pu faire souffrir, d'une manière indirecte ou non, parce que je souffrais de leur absence. Ou de leur présence. Il n'y a rien de plus triste que de voir à quelle vitesse on oublie.

"De jour en jour, on oublie. On oublie tout. On oublie les voix des personnes, on finit par oublier le pire. Le meilleur reste, flotte encore un instant mais finit par sombrer. Comme tout le reste. Ce qu'on a pu en retenir, les moralités, cela finit par se brouiller, comme la surfacer de l'eau sur laquelle on jette ce caillou qui fait des petites vagues... On ressent quelque chose, un infime instant, quand tout se trouble que l'on voit son reflet changé par d'infimes vaguelettes. Et cela finit. Tout repart à zéro, comme si l'eau n'avait jamais été troublée".

J'ai écrit ça quand j'avais quinze ans. Je trouve que ces mots ont toujours une certaine force, quelque chose qui les fixe dans le temps. Je sais pas si ça doit me rendre heureux ou pas. D'un côté, je me sens un peu comme un écrivain qui fait une bonne citation et qui la relit dix ou quinze ans plus tard dans d'autres livres. De l'autre, ça me rappelle que je suis toujours, en partie, un ado de quinze ans qui refuse de grandir. Et ça, c'est bizarre. Qui aurait envie d'avoir quinze ans pour toujours ? Qui ?

Et, alors que tu lis ces mots qui te parlent de mon état actuel, je te prie de bouffer la vie à pleine dents comme j'aurais souhaité le faire. Mais maintenant c'est trop tard.

mardi 17 juin 2014

White Bird, The Great Divide

"But I can find familiar faces in every different places"


Je n'ai jamais fait de chronique du premier album de The Great Divide, pour une raison simple. C'est que c'était un premier album, et je me voyais mal juger une telle bombe sans avoir de points de comparaison. Alors je vous le dis maintenant, cet album est mortel. Une claque dans la gueule. Une sorte de metalcore / crossover, un coup de pied au cul pour les matins où t'as du mal à te lever et que t'as juste envie de traînasser au pieu comme une larve. D'autant plus que j'ai eu la chance de voir le groupe en concert. C'est là que Tales of Innocence and Experience prend vraiment toute son ampleur. C'est là que le groupe était dans son élément. Clairement.

Pourquoi "était" ? Parce que White Bird arrive comme une balle et te pète les dents de devant. Bien que ce soit un EP de sept titres, le groupe balance autant que sur un album de 11 ou 12 pistes. Le groupe a vraiment pris une autre ampleur, je pense que la tournée n'y est pas pour rien. Le line-up a aussi trouvé une très probable stabilité, après des changements, notamment de bassiste et de guitariste. Ça a dû aider à construire une véritable identité au groupe. Côté chant, on assiste à une métamorphose de la part de Seb, qui se permet maintenant des passages chantés, en plus des choeurs, qui manquaient au premier album. Les choeurs sont aussi la grosse composante du groupe, certainement celle qui lui donne son identité, je trouve. C'est clair et net sur Familiar Faces, vers la fin. "I cross these cities / Lights on my face / Don't look back / Don't look back". Dans la plupart des groupes, les choeurs sont là pour appuyer le chant principal. Là, ils n'appuient pas, ils portent.

C'est véritablement un mini album-live que le groupe nous livre. La même énergie, la même rage qu'en concert. La puissance de son est libérée, le mastering est nettement plus clair que sur le premier album, moins compressé. Pour rester dans le thème, j'ai envie de dire que cet album est aérien au possible, malgré la lourdeur imposante de la structure rythmique. Et si c'était ça, la musique ? Enregistrer chaque morceau comme si c'était le dernier ? J'ai vraiment hâte de voir ce que ça donne en live. Parce que la puissance doit être démultipliée.

Si le premier album était très bon pour un premier album (avec des morceaux qui claquent vraiment, du genre Leave Tomorrow ou encore le diptyque Innocence/Experience), et qu'il n'y avait déjà pas grand chose à jeter dedans; avec White Bird, on atteint le stade critique où l'unité de l'album est le corollaire de chacun des morceaux. C'est comme enlever un mur porteur à une maison. Ça tiendra pas longtemps, ça finira par se casser la gueule et faire des dégâts. Il y a une unité dans cet album, qui n'était pas spécialement présente dans le premier. C'est aussi très certainement cela qui donne une telle puissance à cet album. Il n'est pas seulement technique, il est aussi construit autour d'un noyau central.

J'aimerais préciser que les gars n'ont pas bâclé le travail. Loin de là. La couleur de l'EP est donnée dès le livret : "More than just a tribute [to Charles Nungesser], these seven tracks are a dedication to those who refuse to accept their fate as mere human beings, constantly pushing the limits of their existance and never giving up on their dreams". Pour ceux qui parlent pas anglais, l'album est basé sur l'histoire de Charles Nungesser, qui a traversé l'Atlantique mais s'est écrasé en mer et n'a jamais été retrouvé. Toujours lutter pour ses rêves. C'est cette dernière idée qui est reprise dans White Bird. Du début à la fin. Le courage de lutter pour ses idées, ses rêves. Pledge, premier morceau, donne le ton : "'Cause like us, you've never needed anyone / To fulfill your life and dreams / So get on our side and start running".

L'unité de l'album est, comme je l'ai dit, dans son thème. Ce thème de la liberté est complété par celui du "You Only Live Once", qui sert de support pour à peu près tous les groupes de hardcore. Hussard de la Mors se place donc dans cette optique du YOLO "I pay no mind to those who talk but never act". Un peu le motto d'August Burns Red, "Evolve or die / Move on or drown". Cependant, et c'est finement joué de leur part, l'écriture de l'album a été faite d'une telle façon que ça ne revient pas comme un cliché d'ado paumé, mais comme un slogan d'un militant convaincu.

Au final, cet album est un rayon de soleil un jour de pluie. Un coup de pied au cul pour les matins trop chiants. Comme il est dit dans Right Choice, c'est clairement plonger dans le bruit. Pour essayer de faire un bon choix. Toujours aller de l'avant, peu importe les autres, peu importe la couleur du ciel. Toujours .

mercredi 11 juin 2014

Singes du Futur, Andreas et Nicolas

Nico, Andreas et Tramway. Et un singe. Dans le fond.


Andreas et Nicolas (aka Fetus d'Ultra Vomit) reviennent en force avec Les Singes du Futur. Ils nous avaient quitté, façon de parler, en 2010 avec Les Singes du Passé, le dernier morceau de l'album Super Chansons. Déjà, de base et sans aller loin, on peut dire que les deux comparses se sont pas vraiment foulés pour trouver un nom à leur album. Peut-on, cependant, leur jeter la pierre de la discorde ? Non, clairement pas. Parce que ça fait le lien direct entre les deux albums. Parions que le prochain album sera "Les Singes du Présent". Je serais pas surpris. Encore que...

Cet album est un concept album, au même titre que The Wall de Pink Floyd ou Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, des Béatlès (comme le dit la voix du vaisseau). Pourquoi est-ce que c'est un concept album ? Parce qu'on suit la dernière demie-heure du voyage d'un vaisseau sensé apporter la vie humaine sur la planète Cribule. Sauf que la dernière entité vivante, bah c'est un cochon. Un cochon nommé Tramway (et pas un Tramway nommé Désir, vous l'aurez compris). Et qu'il choisit, malencontreusement, un album d'Andreas et Nicolas pour revivre les plus grands moments musicaux de la planète Terre. Alors bon. Autant le dire de suite, ça vole pas haut, mais c'est ce qu'on cherche. On commence dans le lourd. Vraiment du gros gros morceau balèze : Les Vaches. On nous lève un nouveau coin de voile quant à la théorie du complot : les vaches seraient des extraterrestres et leurs tâches seraient, en fait, des cartes de l'univers (et on nous fait un rapprochement entre le lait et la voie lactée. Vala vala). Y'a aussi le morceau En Abitibi qui est sympa. Où on apprend qu'au Québec, "y'a pas le Louvre, mais qu'il y a des louves" (voilà, on en est là hein).

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, au premier abord, ceci N'EST PAS un album à faire écouter à des enfants. Vous avez vraiment envie d'expliquer à vos mioches pourquoi "Super Salope sait sucer, ça c'est sûr !" ? Non, je crois pas que vous ayez envie d'en venir à l'explication scabreuse du verbe "sucer". Ou alors pourquoi y'a des affreux bruits de succion après que Super Salope a dit "fella-fella-fella-fellation" ? Je crois pas non plus. Alors pour vous épargner des explications gênées, évitez. Voilà. Parce que cet album parle beaucoup de cul. En même temps, les deux goyots viennent directement de la scène metal, vous me direz alors que c'est normal. Oui, peut-être. Ou pas. Mais bref, on s'en fout parce que le but de l'album n'est pas là. Bon, c'est sûr, y'a le génialissime Chatroulette qui viendra enfoncer le clou si vous voulez vraiment faire écouter cet album à des enfants. Et vous l'aurez bien cherché.

Point positif (je trouve), les deux comparses ont zappé les morceaux de 20 secondes, qui n'apportaient pas forcément grand chose à l'album. Plus de narcolepsie, plus de Will Smith, plus de pacemaker. Bon, je vous cache pas que certains morceaux sont vraiment à six pieds sous terre, genre Tempête d'astéro-hits, qui compile, en 2 minutes, toutes les chutes de morceaux qui n'ont pas été gardées pour l'album (et aussi une reprise cachée d'un morceau ultra-famous d'A&N mais aussi d'Ultra Vomit), morceaux qui auraient pu se retrouver en pistes à part sur l'album précédent. Saluons donc la "maturité" des deux gars qui ont mis une corbeille pour vomir leurs morceaux ailleurs que sur le reste de l'album.

On peut toujours remarquer qu'Andy et Nicky ont un problème de paternité (et avec le sexe, oui, plus généralement). Ici, après avoir voulu enfanter un ours sur Super Chansons, ils désirent passer au stade supérieur en voulant enfanter un éléphant. "Le sexe, invention perverse de l'Homme depuis la nuit des temps". C'est toujours bien de le préciser, mais on reste dans la thématique du premier album. Du cul, toujours du cul, rien que du cul ! Rien que le morceau Mon Costume de Singe peut faire penser au tabou qui entoure les transformistes et les transgenres.

Mon morceau préféré de l'album est certainement Est-ce que tu veux sortir moi ?, qui compile tout ce qui a été fait par le duo depuis 2009 : le côté fucked up, la capacité à faire un morceau construit avec cette touche de truc complètement tordu (quand Crazy Clochard s'énerve et beugle qu'il va faire un sandwich !).

Bref, cet album est génial, une vraie bombe atomique dans les studios d'Univers(al) qui va rendre folles toutes les super salopes de l'univers, et ainsi pouvoir les assouvir vers le but ultime : fella-fella-fella-fellation ! Bon, c'est sûr, c'est parfois bancal. Mais on se marre bien. Et c'est le principal.

samedi 31 mai 2014

Railroad

Tout d'abord, le choc. Sa violence, sa furie, suivi d'une incroyable sensation de légèreté, comme une sensation de voler. Haut. Très haut. Instantanément, je me suis retrouvé en chute libre, aspiré dans un trou sans fond. Alors, le vide. Noir et angoissant. Des éclats de lumière, comme des échardes de verre, percutaient mes rétines avec plus ou moins de régularité. Devant ces flashs, j'apercevais des ombres, floues et immenses qui m'encerclaient. J'entendais la rage dans leurs voix, la colère dans les cris, la peur dans les hurlements. Les ombres s'affolent, paniquent. J'ai l'impression qu'on a siphonné mon cœur de l'intérieur.

Le noir de nouveau. Me voilà, debout le long d'une voie ferrée. De vieux rails en fer, rouillés, parsemés de vieilles planches de bois, rongées par le temps, la pluie et les insectes. J'ai l'impression que ces rails sont la métaphore de ma vie. Rongée par le temps alors qu'elle semble encore neuve, de loin. Alors que je me relève, je sens ma jambe gauche partir et je m'écroule le long du ballast. Je vais devoir ramper. Les rails commencent à vibrer, de plus en plus fort, de plus en plus vite. Une lumière, au bout d'un tunnel, se rapproche. Toujours plus proche, toujours plus intense. Les rails vibrent de plus en plus fortement. J'entends la fureur d'une locomotive à vapeur. Dans un ultime réflexe, je me roule sur le côté, dans les fourrés. Piqué par des orties, déchiré par des ronces, ça ne fait qu'empirer mon état. Frôlé par le train, je peux sentir l'air se déplacer et tenter de m'emporter avec lui, pour une dernière danse. Le conducteur semble sorti tout droit d'un film d'horreur de série B, avec ses petites lunettes de soleil rondes, ses cheveux longs et ses fringues à franges des années 70. Gravés en lettres de feu, sur chaque wagon, deux mots. "Crazy train". C'est en me dépassant que le conducteur se met à hurler "All aboard" et part dans un rire de dément.

Pendant quinze secondes, j'ai eu envie de suivre ce train, cette lumière dans la pénombre. Cependant, très vite, j'ai un pressentiment, comme si ce train allait en enfer. J'ai donc choisi la direction opposée, à savoir le tunnel duquel il a déboulé. Une nouvelle lumière est apparue. Cependant, elle était plus froide, plus distante. Comme... comme morte. Mais d'une blancheur pure. J'avançais lentement, hors des rails, ma jambe traînant toujours, piteusement. J'avais l'impression d'être sous acide. Parfois, mon corps pesait une tonne, lourd comme un train de fret. Parfois je m'allégeais et devenais aussi léger qu'un avion, plus souvent je me sentais comme un astronaute à la recherche de repères. La nuit s'abat alors sur la vallée comme une voiture s'écrase contre un mur de crash-test. Une nuit sombre et poisseuse, épaisse. Ça commence à s'agiter dans les fourrés. Parfois, je vois en sortir des ombres immenses, squelettiques. Inhumaines. Tétanisé, transi de froid, j'ai peur, je tremble. Pourquoi moi ?

Pendant combien de temps ai-je erré ? Combien de temps ai-je titubé le long des rails ? Je n'en ai pas la moindre idée, et, cependant, plus je titubais, plus la lumière se rapprochait de moi. J'avais l'impression qu'elle me portait, qu'elle me faisait planer jusqu'à elle. Cependant, comme dans une attraction étrange, plus je m'approchais, plus la lumière s'éloignait. Sans prévenir, elle m'est tombée dessus, avec fracas, comme un train qui ne voit que trop tard la voiture, coincée sur les rails. Malgré sa clarté, la lumière du tunnel était cernée de gris. Comme un cadavre. Le centre, si blanc, semblait s'effondrer sous le poids du pourtour pourrissant. L'instant d'un frisson, j'ai eu l'étrange sensation que la lumière, que ce tunnel étaient des portes vers quelque chose de définitivement calme, quelque chose qui m'empêcherait définitivement d'avoir peur. Autant dire qu'à cet instant, j'étais prêt à signer des deux mains.

De manière totalement soudaine, la lumière s'est mise à hurler, à crisser, à grincer. Ces bruits cognaient dans mes tympans, hurlaient dans mon cerveau, faisaient le tour de ma boîte crânienne et ressortaient en l'explosant en millions de petits éclats. Geste irrationnel pour un athée, j'ai commencé à prier. Que tout s'arrête. Pour de bon. Une décharge électrique me traverse alors le corps, de part en part. Centrée sur la poitrine. Je sens mon cœur qui, à son tour, explose en fragments de poussière. Une deuxième. Une troisième. Mon cœur reprenait ses esprits. La lumière s'était éloignée. Les décharges, soudainement arrêtées, ont permis à la lumière de se rapprocher. Je pouvais maintenant sentir le froid s'échapper de chacune des interstices du pourtour de la porte. Je pouvais sentir l'humidité suinter des pores de cette porte. Deux nouvelles décharges. La lumière s'était évaporée. Définitivement.

A demi conscient, j'ai ouvert un œil. Une lumière puissante m'aveuglait toujours, mais elle n'était pas de la même nature. Cette lumière là n'était pas naturelle. La chaleur qu'elle dégageait n'était pas assez homogène. J'étais allongé sur une voie ferrée, la colonne vertébrale fracturée par un rail. La voiture enroulée autour de la locomotive, ma cigarette fumant encore sur les gravats jonchant la voie. Ça s'agitait encore autour de moi, les secours hurlant des ordres. Un médecin m'a regardé et a lancé "Son état est stabilisé, mais il est encore critique".

Ce que j'ai vu là-bas ? J'ai vu la mort et le désespoir. De près, de trop près peut-être, parce que ma seule envie est d'y retourner. Pour être bien. Pour toujours. Ce que j'ai vu là-bas ? La terreur et la peur. Le malaise et l'angoisse. Ce que j'ai vu là-bas, personne ne le croira.

mardi 20 mai 2014

Long way to nowhere

Tout oublier, effacer, supprimer. Tirer un trait, en somme. Appuyer sur une touche et tout laisser s'en aller. Les réseaux sociaux m'ont envahi de ta présence. D'un côté, je ne suis guère dérangé. J'aime bien avoir de tes nouvelles de manière indirecte. Mais parfois ça m'encombre et je me rends compte à quel point tu me manques, à quel point tout ça me manque. Des fois, je suis au croisement du point critique. Prêt à lâcher mon ego et revenir vers toi. Mais non, à chaque fois j'arrive à me retenir. Parce que tu me l'as dit, on a besoin de refaire nos vies, peu importe ce qu'il se passe.

L'oubli est certainement la manière la plus lâche de faire face à ses problèmes, puisqu'on ne les affronte pas, du coup. Non, si tu les écoutes, tous, il est préférable de "se servir de ses problèmes passés comme appui pour une vie future qui sera, non pas exempte de tous problèmes, mais plus facilement supportable car tu connaîtras déjà la réponse à ces problèmes". Et ça, ce n'est pas être lâche, peut-être ? Ce n'est pas se voiler la face, se construire une muraille, se dire "je l'ai déjà vécu, je sais ce que ça fait, c'est pas grave" ? Si, bien sûr que si. C'est peut-être pas plus lâche que l'oubli, mais on n'est jamais loin.

Et qui dit "oublier" dit "se souvenir". Qui dit se souvenir dit souffrir. Et souffrir nous donne l'impression d'être vivant. Donc non, oublier n'est pas forcément un travail de suppression. Peut-être qu'oublier, c'est juste ranger ses souvenirs dans une malle, laisser cette malle au fond du grenier et la ressortir lors d'un déménagement. Se souvenir, c'est comme remonter une autoroute. La plupart du temps ça roule bien, tu connais par coeur. Des fois, ça bouchonne, c'est long. Des fois, c'est dangereux, y'a du verglas. D'autres fois, ça tue. C'est comme ça. Mais c'est, ce qui fait la beauté du souvenir oublié, je pense. On le retrouve, mais on ne sait pas ce qui va se passer. Des fois, ça traverse l'esprit, comme un fantôme. Des fois, ça installe sa caravane à l'arrière de la Twingo qu'est ta vie et en route pour la joie. Te taper mille bornes avec une caravane au cul de la Twingo, c'est long, ça consomme. Mais une fois que tu es arrivé, t'es content. Parce que tu l'as fait, parce que tu savais que cette bonne vieille Twingo ne pouvait pas te lâcher comme ça au milieu du chemin.

Le chemin du souvenir, c'est un chemin vers nulle part, quand on y pense. On tente d'aller vers un passé virtuel, qui ne peut être touché. Revivre le passé pour mieux se préparer à un hypothétique avenir. Au final, et en y réfléchissant bien, je trouve ça un peu stupide, même si c'est ma façon d'avancer. J'ai l'impression de rester collé, d'avoir les pieds vissés dans du béton. Et pourtant ça me plaît. Parce qu'une fois sur quatre, ça me permet d'avancer d'un grand pas, en déchirant les vieilles pompes usées, en remettre des nouvelles et attendre le prochain coup de perceuse. Voilà, c'est ça se souvenir. De la Twingo à la perceuse. Une route vers nulle part. Le souvenir est un putain de cul-de-sac.

mercredi 30 avril 2014

A crack on your bathroom wall.

Quand toutes les lumières rendent les armes, la pénombre prend le dessus. Plus de haut plus de bas, plus de gauche plus de droite. La confusion sera mon épitaphe. Quand les nuages passent devant la lune, alors que les ampoules de la ville explosent une à une, plus rien ne compte en dehors de la terreur qui englobe mes jambes. Pas de possibilité de fuite. Faire face, encore et toujours. Sans savoir pourquoi. Confusion, épitaphe.

Alors que les cloches sonnent treize fois, la terreur, qui me suivait assidûment, a décidé de passer à l'offensive. Toujours fuir, toujours courir sans pour autant avancer. Psychiatre cannibale transformé en élan. Jamais loin. Jamais très loin. Toujours tout près. Sa présence est discrète, mais il rôde. Silencieux, on pourrait croire à un faune, comme celui de Guillermo Del Toro. Cependant, sa violence pourrait nous faire croire à un Jack Torrance affamé. C'est marrant de personnifier sa terreur. C'est toujours une chose de l'instant. Quelque chose qui tombe comme ça, tu sais que t'auras peur alors que tu ne vois pas encore cette chose.

Son corps nu était collé contre une machine à laver bonne à jeter. Les yeux mi-clos, elle respirait bruyamment, à mi-chemin entre plaisir et terreur sourde. Elle semblait chercher une sortie de route, une aire de repos sur la voie rapide de son délire. Elle voulait tout abandonner, tout laisser tomber, finalement. Arrêter de se battre. Rendre les armes. La lumière, c'était elle. Elle l'a toujours été. Je m'en rends compte seulement maintenant. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Et je n'en saurai certainement jamais rien. C'est sans doute mieux ainsi. Elle m'a regardé, juste avant l'impact. J'ai cru lire le pardon dans ses yeux. Ou peut-être que je me raccroche à cette image pour me dire que je n'ai jamais été tout à fait mauvais, et qu'elle avait trouvé une autre façon de me le dire.

Je n'avais pas eu le temps de la remercier et de lui dire que je l'aimais, le mur blanc cassé du fond s'était transformé en immense forêt, un peu comme dans Narnia. D'un coup d'un seul, elle s'est retrouvée empalée sur l'élan-psychiatre. Nous étions deux à suffoquer. Elle de douleur, moi de terreur. Complètement paniqué, en sueur, j'ai regardé cette chose hideuse emporter celle que j'ai aimé.

jeudi 10 avril 2014

Catacombs of the Black Vatican, Black Label Society

"You gave me empty promises with nothing in return".



Derrière ce titre énigmatique, quoique poétique (dans un monde parallèle, le Vatican serait la demeure de l'antéchrist et on y stockerait des os) se cache le dernier boulet de canon du barbu aux Epiphone Bullseye (eh ouais, on peut finir célèbre et adulé en jouant sur de la sous-marque, ouais). Pourquoi boulet de canon ? Non pas que ça se traîne comme un fardeau mais bien parce que cet album pulvérise ton esprit comme un boulet pulvérise une maison en bois. De là à dire que Zakk Wylde est le Grand Méchant Loup des Trois Petits Cochons, il n'y a qu'un pas.

Encore un album sur lequel le groupe nous sort les gros riffs et les sons bien gras, comme avec les deux premiers morceaux, Fields of Unforgiveness et My Dying Time. Double peine qui nous laisse sur le carreau. Le premier morceau attaque sur le registre du doute : c'est Zakk qui chante ou sa guitare qui parle ? Parce qu'on aurait presque envie de croire à un talkbox coincé entre le baffle et la tête. Le deuxième morceau était sorti en single, donc rien de bien impressionnant au niveau claque. Cependant, on peut noter la continuité avec le morceau précédent. Teinte décidément agressive, cet album commence bien.

Alors qu'il aurait pu faire partie de ces albums de BLS où on s'attend à prendre une douche tiède, il n'en est rien. Parce que la constance du groupe, et c'est bien ça leur problème, c'est de faire des albums où les bons (voire très bons) morceaux en côtoient des plus faibles. Au premier abord. Parce que c'est ça que j'ai découvert en réécoutant la totalité de leur disco, c'est qu'en fait, chaque morceau a son propre microcosme et qu'il ne doit en aucun cas être comparé à un autre. Surtout du même album. Ici, tout se suit de manière quasi surnaturelle, les morceaux défilants les uns après les autres sans grosses coupures majeures. C'est surement ça qui me fait rater des choses à critiquer. Parce que cet album est tellement continu que rien ne choque. En dehors des deux morceaux acoustiques qui viennent trancher l'album en trois (environ).

Zakk nous gratifie aussi de quelques morceaux aux sonorités plus stoner (les puristes me matraqueront la gueule mais yolo), qui donnent encore plus de lourdeur à l'album. Serait-ce chose possible ? Oui, si l'on en croit déjà les intros de Believe et de Empty Promises. J'aurais bien vu un album avec toute cette teneur musicale du début à la fin. C'est pas ce genre de chose qui m'aurait troublé outre mesure. On parle de BLS. Plus rien ne devrait étonner.

Un album de BLS ne serait pas un album de BLS sans ses solos ciselés et ultra-agressifs. Même sur le morceau plus acoustique Angel of Mercy, on a le droit à un bon gros solo descendu du grenier par la corde (avec nœud coulant, évidemment). Et c'est pourtant pas évident de faire de bons morceaux de ce genre, mélangeant agressivité et acousitique, étant donné que ces morceaux sont généralement bancals, d'un côté ou de l'autre. Scars est dans la même veine, celle du petit morceau acoustique qui vient comme un break. Comme le premier flocon de neige tombant lascivement sur le macadam gelé par un matin de janvier. Le petit plus par rapport aux autres albums ? Les solos sont plus concis et laissent plus de place à une musicalité générale. On a vraiment l'impression d'avoir du Black Label Society et non pas un Zakk Wylde's Black Label Society. A voir ce que ça donne en live, cela dit... Ah. Et last but not least, un album de BLS sans pinches harmoniques, bah ça devrait pas exister. Celui-ci n'en fait pas partie. Et rien que pour ça, je suis heureux.

L'album est très bon et passe comme une lettre à la poste. Il vient faire oublier le dernier "vrai" album studio de BLS, Order of the Black qui, pour le coup, m'avait vraiment laissé mitigé.

samedi 5 avril 2014

Born to write

Oui, je viens de loin. Non, je ne suis pas Corneille (le chanteur, pas le dramaturge, ça serait trop beau), juste moi. Ailill. Lulu. Lolo. Lucachou. Voire même Lucas. Pour les plus téméraires d'entre vous.
Futur apprenti journaliste, je roule ma bosse (bam ! 20 ans en plus pour usage d'expression périmée) sur mes différents blogs depuis... depuis presque 10 piges maintenant. La moitié de ma vie passée à la raconter sur un blog. Bon, pas tout à fait 10 ans. Plutôt 8. Mais quand même, vous en conviendez, ça fait beaucoup. J'ai eu beaucoup de blogs, la plupart ont vivoté deux semaines avant de sombrer dans les abysses numériques (comme les boîtes noires du MH370). Bon, après, j'ai quand même passé 8 ans à raconter ma vie par procuration à des gens qui n'en avaient rien à secouer. Au final, j'ai plus fait des séances de psy gratuites que de vrais blogs. Et, d'un côté, j'ai envie de vous dire que ça m'a servi. Si je vous raconte tout ça ici, c'est pas pour que vous fouiniez partout dans mon passé comme des journaleux à Paris-Match, mais que vous sachiez que ça peut vous tomber sur la gueule à tout moment, on est jamais à l'abri d'un coup de déprime.

Peut-être que ce blog ne sera qu'éphémère. Mon blog sur Skyblog (ouais, je suis de la vieille école, je dis Skyblog et pas Skyrock blog, notez) a duré, au bas mot, quatre ans. Celui sur Overblog aura fait moins de deux ans. Mais j'ai besoin de changer. Comme dirait l'autre, "le changement, c'est maintenant". Certains passent leur vie à chercher l'amour, moi, je passe la mienne à chercher le blog parfait. Quoique je n'ai pas encore trouvé l'amour. 'Fin si. C'est comme les blogs. Ça fluctue. C'est triste, mais soit. Ce qu'il y a de bien, avec un blog, c'est qu'on peut tout dire sous couvert d'anonymat. 'Fin pas tout. Mais vous m'aurez compris. On peut dire ce qu'on a sur le coeur sans passer pour un crétin fini.

J'ai toujours eu un rapport particulier à l'écriture. J'ai toujours aimé écrire. Aimé lire. "Les deux vont ensemble, vous me direz", expliquait un prof de français que j'ai eu. Tout peut y passer. Fiction, essais politiques, journaux, comics... Des cornes d'abondances pour l'esprit. Mon blog sera un méli-mélo de tout ça. Un truc entier, où vous trouverez des critiques, des chroniques, des traitements de faits de société, des choses pour vos cages à miel, bande de petites graisseuses et de petits graisseux (Tonton Z'gut, si tu me lis).

Hope you'll have fun here.