mardi 17 juin 2014

White Bird, The Great Divide

"But I can find familiar faces in every different places"


Je n'ai jamais fait de chronique du premier album de The Great Divide, pour une raison simple. C'est que c'était un premier album, et je me voyais mal juger une telle bombe sans avoir de points de comparaison. Alors je vous le dis maintenant, cet album est mortel. Une claque dans la gueule. Une sorte de metalcore / crossover, un coup de pied au cul pour les matins où t'as du mal à te lever et que t'as juste envie de traînasser au pieu comme une larve. D'autant plus que j'ai eu la chance de voir le groupe en concert. C'est là que Tales of Innocence and Experience prend vraiment toute son ampleur. C'est là que le groupe était dans son élément. Clairement.

Pourquoi "était" ? Parce que White Bird arrive comme une balle et te pète les dents de devant. Bien que ce soit un EP de sept titres, le groupe balance autant que sur un album de 11 ou 12 pistes. Le groupe a vraiment pris une autre ampleur, je pense que la tournée n'y est pas pour rien. Le line-up a aussi trouvé une très probable stabilité, après des changements, notamment de bassiste et de guitariste. Ça a dû aider à construire une véritable identité au groupe. Côté chant, on assiste à une métamorphose de la part de Seb, qui se permet maintenant des passages chantés, en plus des choeurs, qui manquaient au premier album. Les choeurs sont aussi la grosse composante du groupe, certainement celle qui lui donne son identité, je trouve. C'est clair et net sur Familiar Faces, vers la fin. "I cross these cities / Lights on my face / Don't look back / Don't look back". Dans la plupart des groupes, les choeurs sont là pour appuyer le chant principal. Là, ils n'appuient pas, ils portent.

C'est véritablement un mini album-live que le groupe nous livre. La même énergie, la même rage qu'en concert. La puissance de son est libérée, le mastering est nettement plus clair que sur le premier album, moins compressé. Pour rester dans le thème, j'ai envie de dire que cet album est aérien au possible, malgré la lourdeur imposante de la structure rythmique. Et si c'était ça, la musique ? Enregistrer chaque morceau comme si c'était le dernier ? J'ai vraiment hâte de voir ce que ça donne en live. Parce que la puissance doit être démultipliée.

Si le premier album était très bon pour un premier album (avec des morceaux qui claquent vraiment, du genre Leave Tomorrow ou encore le diptyque Innocence/Experience), et qu'il n'y avait déjà pas grand chose à jeter dedans; avec White Bird, on atteint le stade critique où l'unité de l'album est le corollaire de chacun des morceaux. C'est comme enlever un mur porteur à une maison. Ça tiendra pas longtemps, ça finira par se casser la gueule et faire des dégâts. Il y a une unité dans cet album, qui n'était pas spécialement présente dans le premier. C'est aussi très certainement cela qui donne une telle puissance à cet album. Il n'est pas seulement technique, il est aussi construit autour d'un noyau central.

J'aimerais préciser que les gars n'ont pas bâclé le travail. Loin de là. La couleur de l'EP est donnée dès le livret : "More than just a tribute [to Charles Nungesser], these seven tracks are a dedication to those who refuse to accept their fate as mere human beings, constantly pushing the limits of their existance and never giving up on their dreams". Pour ceux qui parlent pas anglais, l'album est basé sur l'histoire de Charles Nungesser, qui a traversé l'Atlantique mais s'est écrasé en mer et n'a jamais été retrouvé. Toujours lutter pour ses rêves. C'est cette dernière idée qui est reprise dans White Bird. Du début à la fin. Le courage de lutter pour ses idées, ses rêves. Pledge, premier morceau, donne le ton : "'Cause like us, you've never needed anyone / To fulfill your life and dreams / So get on our side and start running".

L'unité de l'album est, comme je l'ai dit, dans son thème. Ce thème de la liberté est complété par celui du "You Only Live Once", qui sert de support pour à peu près tous les groupes de hardcore. Hussard de la Mors se place donc dans cette optique du YOLO "I pay no mind to those who talk but never act". Un peu le motto d'August Burns Red, "Evolve or die / Move on or drown". Cependant, et c'est finement joué de leur part, l'écriture de l'album a été faite d'une telle façon que ça ne revient pas comme un cliché d'ado paumé, mais comme un slogan d'un militant convaincu.

Au final, cet album est un rayon de soleil un jour de pluie. Un coup de pied au cul pour les matins trop chiants. Comme il est dit dans Right Choice, c'est clairement plonger dans le bruit. Pour essayer de faire un bon choix. Toujours aller de l'avant, peu importe les autres, peu importe la couleur du ciel. Toujours .

mercredi 11 juin 2014

Singes du Futur, Andreas et Nicolas

Nico, Andreas et Tramway. Et un singe. Dans le fond.


Andreas et Nicolas (aka Fetus d'Ultra Vomit) reviennent en force avec Les Singes du Futur. Ils nous avaient quitté, façon de parler, en 2010 avec Les Singes du Passé, le dernier morceau de l'album Super Chansons. Déjà, de base et sans aller loin, on peut dire que les deux comparses se sont pas vraiment foulés pour trouver un nom à leur album. Peut-on, cependant, leur jeter la pierre de la discorde ? Non, clairement pas. Parce que ça fait le lien direct entre les deux albums. Parions que le prochain album sera "Les Singes du Présent". Je serais pas surpris. Encore que...

Cet album est un concept album, au même titre que The Wall de Pink Floyd ou Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, des Béatlès (comme le dit la voix du vaisseau). Pourquoi est-ce que c'est un concept album ? Parce qu'on suit la dernière demie-heure du voyage d'un vaisseau sensé apporter la vie humaine sur la planète Cribule. Sauf que la dernière entité vivante, bah c'est un cochon. Un cochon nommé Tramway (et pas un Tramway nommé Désir, vous l'aurez compris). Et qu'il choisit, malencontreusement, un album d'Andreas et Nicolas pour revivre les plus grands moments musicaux de la planète Terre. Alors bon. Autant le dire de suite, ça vole pas haut, mais c'est ce qu'on cherche. On commence dans le lourd. Vraiment du gros gros morceau balèze : Les Vaches. On nous lève un nouveau coin de voile quant à la théorie du complot : les vaches seraient des extraterrestres et leurs tâches seraient, en fait, des cartes de l'univers (et on nous fait un rapprochement entre le lait et la voie lactée. Vala vala). Y'a aussi le morceau En Abitibi qui est sympa. Où on apprend qu'au Québec, "y'a pas le Louvre, mais qu'il y a des louves" (voilà, on en est là hein).

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, au premier abord, ceci N'EST PAS un album à faire écouter à des enfants. Vous avez vraiment envie d'expliquer à vos mioches pourquoi "Super Salope sait sucer, ça c'est sûr !" ? Non, je crois pas que vous ayez envie d'en venir à l'explication scabreuse du verbe "sucer". Ou alors pourquoi y'a des affreux bruits de succion après que Super Salope a dit "fella-fella-fella-fellation" ? Je crois pas non plus. Alors pour vous épargner des explications gênées, évitez. Voilà. Parce que cet album parle beaucoup de cul. En même temps, les deux goyots viennent directement de la scène metal, vous me direz alors que c'est normal. Oui, peut-être. Ou pas. Mais bref, on s'en fout parce que le but de l'album n'est pas là. Bon, c'est sûr, y'a le génialissime Chatroulette qui viendra enfoncer le clou si vous voulez vraiment faire écouter cet album à des enfants. Et vous l'aurez bien cherché.

Point positif (je trouve), les deux comparses ont zappé les morceaux de 20 secondes, qui n'apportaient pas forcément grand chose à l'album. Plus de narcolepsie, plus de Will Smith, plus de pacemaker. Bon, je vous cache pas que certains morceaux sont vraiment à six pieds sous terre, genre Tempête d'astéro-hits, qui compile, en 2 minutes, toutes les chutes de morceaux qui n'ont pas été gardées pour l'album (et aussi une reprise cachée d'un morceau ultra-famous d'A&N mais aussi d'Ultra Vomit), morceaux qui auraient pu se retrouver en pistes à part sur l'album précédent. Saluons donc la "maturité" des deux gars qui ont mis une corbeille pour vomir leurs morceaux ailleurs que sur le reste de l'album.

On peut toujours remarquer qu'Andy et Nicky ont un problème de paternité (et avec le sexe, oui, plus généralement). Ici, après avoir voulu enfanter un ours sur Super Chansons, ils désirent passer au stade supérieur en voulant enfanter un éléphant. "Le sexe, invention perverse de l'Homme depuis la nuit des temps". C'est toujours bien de le préciser, mais on reste dans la thématique du premier album. Du cul, toujours du cul, rien que du cul ! Rien que le morceau Mon Costume de Singe peut faire penser au tabou qui entoure les transformistes et les transgenres.

Mon morceau préféré de l'album est certainement Est-ce que tu veux sortir moi ?, qui compile tout ce qui a été fait par le duo depuis 2009 : le côté fucked up, la capacité à faire un morceau construit avec cette touche de truc complètement tordu (quand Crazy Clochard s'énerve et beugle qu'il va faire un sandwich !).

Bref, cet album est génial, une vraie bombe atomique dans les studios d'Univers(al) qui va rendre folles toutes les super salopes de l'univers, et ainsi pouvoir les assouvir vers le but ultime : fella-fella-fella-fellation ! Bon, c'est sûr, c'est parfois bancal. Mais on se marre bien. Et c'est le principal.