"But I can find familiar faces in every different places" |
Je n'ai jamais fait de chronique du premier album de The Great Divide, pour une raison simple. C'est que c'était un premier album, et je me voyais mal juger une telle bombe sans avoir de points de comparaison. Alors je vous le dis maintenant, cet album est mortel. Une claque dans la gueule. Une sorte de metalcore / crossover, un coup de pied au cul pour les matins où t'as du mal à te lever et que t'as juste envie de traînasser au pieu comme une larve. D'autant plus que j'ai eu la chance de voir le groupe en concert. C'est là que Tales of Innocence and Experience prend vraiment toute son ampleur. C'est là que le groupe était dans son élément. Clairement.
Pourquoi "était" ? Parce que White Bird arrive comme une balle et te pète les dents de devant. Bien que ce soit un EP de sept titres, le groupe balance autant que sur un album de 11 ou 12 pistes. Le groupe a vraiment pris une autre ampleur, je pense que la tournée n'y est pas pour rien. Le line-up a aussi trouvé une très probable stabilité, après des changements, notamment de bassiste et de guitariste. Ça a dû aider à construire une véritable identité au groupe. Côté chant, on assiste à une métamorphose de la part de Seb, qui se permet maintenant des passages chantés, en plus des choeurs, qui manquaient au premier album. Les choeurs sont aussi la grosse composante du groupe, certainement celle qui lui donne son identité, je trouve. C'est clair et net sur Familiar Faces, vers la fin. "I cross these cities / Lights on my face / Don't look back / Don't look back". Dans la plupart des groupes, les choeurs sont là pour appuyer le chant principal. Là, ils n'appuient pas, ils portent.
C'est véritablement un mini album-live que le groupe nous livre. La même énergie, la même rage qu'en concert. La puissance de son est libérée, le mastering est nettement plus clair que sur le premier album, moins compressé. Pour rester dans le thème, j'ai envie de dire que cet album est aérien au possible, malgré la lourdeur imposante de la structure rythmique. Et si c'était ça, la musique ? Enregistrer chaque morceau comme si c'était le dernier ? J'ai vraiment hâte de voir ce que ça donne en live. Parce que la puissance doit être démultipliée.
Si le premier album était très bon pour un premier album (avec des morceaux qui claquent vraiment, du genre Leave Tomorrow ou encore le diptyque Innocence/Experience), et qu'il n'y avait déjà pas grand chose à jeter dedans; avec White Bird, on atteint le stade critique où l'unité de l'album est le corollaire de chacun des morceaux. C'est comme enlever un mur porteur à une maison. Ça tiendra pas longtemps, ça finira par se casser la gueule et faire des dégâts. Il y a une unité dans cet album, qui n'était pas spécialement présente dans le premier. C'est aussi très certainement cela qui donne une telle puissance à cet album. Il n'est pas seulement technique, il est aussi construit autour d'un noyau central.
J'aimerais préciser que les gars n'ont pas bâclé le travail. Loin de là. La couleur de l'EP est donnée dès le livret : "More than just a tribute [to Charles Nungesser], these seven tracks are a dedication to those who refuse to accept their fate as mere human beings, constantly pushing the limits of their existance and never giving up on their dreams". Pour ceux qui parlent pas anglais, l'album est basé sur l'histoire de Charles Nungesser, qui a traversé l'Atlantique mais s'est écrasé en mer et n'a jamais été retrouvé. Toujours lutter pour ses rêves. C'est cette dernière idée qui est reprise dans White Bird. Du début à la fin. Le courage de lutter pour ses idées, ses rêves. Pledge, premier morceau, donne le ton : "'Cause like us, you've never needed anyone / To fulfill your life and dreams / So get on our side and start running".
L'unité de l'album est, comme je l'ai dit, dans son thème. Ce thème de la liberté est complété par celui du "You Only Live Once", qui sert de support pour à peu près tous les groupes de hardcore. Hussard de la Mors se place donc dans cette optique du YOLO "I pay no mind to those who talk but never act". Un peu le motto d'August Burns Red, "Evolve or die / Move on or drown". Cependant, et c'est finement joué de leur part, l'écriture de l'album a été faite d'une telle façon que ça ne revient pas comme un cliché d'ado paumé, mais comme un slogan d'un militant convaincu.
Au final, cet album est un rayon de soleil un jour de pluie. Un coup de pied au cul pour les matins trop chiants. Comme il est dit dans Right Choice, c'est clairement plonger dans le bruit. Pour essayer de faire un bon choix. Toujours aller de l'avant, peu importe les autres, peu importe la couleur du ciel. Toujours .